Jean-Baptiste Poquelin, plus connu sous le nom de Molière, demeure une figure emblématique du théâtre français. Sa mort en plein spectacle est entourée d’un mystère qui, encore aujourd’hui, suscite de nombreuses interrogations et analyses. Entre faits historiques et légendes, plongeons ensemble dans cette énigme fascinante.
La carrière prolifique de Molière et son influence sur le théâtre
Jean-Baptiste Poquelin est né à Paris en 1622. Dès ses débuts, il révolutionne le théâtre avec des œuvres audacieuses et souvent controversées. Ses pièces telles que L’École des femmes, Tartuffe et Le Misanthrope remettent en question les normes sociales et religieuses de l’époque, confrontant le public à des réflexions profondes mais toujours avec une pointe d’humour.
Molière a innové dans la mise en scène et la publicité de ses spectacles, attirant un large public de toutes classes sociales. Son talent ne se bornait pas à l’écriture ; il était également un brillant metteur en scène et acteur. Jouant souvent dans ses propres pièces, il a su incarner des personnages mémorables qui restent gravés dans l’histoire du théâtre.
Sa carrière est aussi marquée par ses relations avec la cour de Louis XIV, qui lui accorde une protection précieuse malgré les attaques répétées des détracteurs. L’Impromptu de Versailles est un exemple clair de son habileté à naviguer entre la satire et la flatterie pour se maintenir dans les bonnes grâces royales tout en critiquant les abus et l’hypocrisie de son époque.
L’École des femmes et le début des controverses
Avec L’École des femmes, Molière frappe un grand coup. Cette comédie en cinq actes, créée en 1662, met en scène Arnolphe, un homme résolu à éduquer Agnès, une jeune femme, dans un cadre extrêmement strict afin de s’assurer de sa fidélité. La pièce aborde des thèmes sensibles tels que la condition des femmes, l’éducation et le mariage, suscitant ainsi de vives critiques.
Les réactions sont immédiates et violentes. Armand de Donneau de Visé, un critique influent, attaque Molière dans sa préface de « La Critique de l’École des femmes », où il accuse le dramaturge de moralité douteuse et de manquer de respect envers les institutions. Claude Bourqui, spécialiste de Molière, souligne combien cette polémique a renforcé le succès de la pièce en éveillant la curiosité du public.
Les critiques de L’École des femmes ne se limitent pas à la presse. Elles se transforment en véritables cabales, orchestrées par des rivaux qui voient en Molière une menace sur leur propre succès. L’Hôtel de Bourgogne, théâtre rival, devient le centre de ces attaques, illustrant le climat tendu dans lequel Molière évolue.
Le Malade imaginaire et la mystérieuse fin de Molière
En 1673, Molière crée Le Malade imaginaire. Cette pièce en trois actes mêle comédie et ballet, et met en scène Argan, un hypocondriaque englué dans ses illusions de maladie. Le rôle principal est joué par Molière lui-même, qui, ironiquement, est gravement malade à cette époque.
C’est au cours de la quatrième représentation de cette pièce, le 17 février 1673, que survient l’événement tragique. Molière, souffrant depuis plusieurs jours, s’effondre sur scène lors de la fameuse scène de la « cérémonie burlesque ». Malgré une tentative désespérée pour terminer la représentation, il est transporté chez lui, où il meurt quelques heures plus tard.
La mort de Molière en plein spectacle a immédiatement enflammé les imaginations. Certains disent qu’il aurait été victime de sa propre ironie, d’autres y voient une sorte de justice divine pour avoir osé ridiculiser les médecins et les institutions. La vérité, cependant, semble plus prosaïque : Molière, atteint de tuberculose pulmonaire, aurait succombé à une hémorragie massive.
L’héritage et les œuvres complètes de Molière
La vie et la mort de Molière ont laissé un héritage incommensurable. Ses œuvres complètes continuent d’être étudiées, interprétées et admirées. Sa critique acerbe de la société, sous couvert de comédie, demeure d’une actualité surprenante.
Georges Forestier, éminent biographe, a consacré de nombreuses années à analyser les textes et la vie de Molière, apportant de nouvelles perspectives sur ses œuvres et leur mise en scène. Quant à la Comédie-Française, elle reste un sanctuaire dédié à perpétuer l’esprit de Molière, dont les pièces sont régulièrement à l’affiche.
Au-delà du théâtre, Molière a influencé la langue française elle-même. Des expressions comme « tartuffe » pour désigner un hypocrite proviennent directement de ses œuvres. Chaque année, à la date anniversaire de sa mort, les passionnés de théâtre célèbrent sa mémoire à travers des représentations et des colloques.
Les mystères entourant sa mort continuent de fasciner, mais ce qui perdure surtout, c’est l’impact profond de son œuvre sur la culture française et mondiale. Molière, bien que disparu en plein spectacle, reste présent par ses écrits, ses personnages, et sa vision incisive de l’humanité.
La mort de Molière en plein spectacle est bien plus qu’un simple fait divers historique. C’est le symbole d’une vie passée à défier les conventions et à captiver les publics. Son œuvre et son influence continuent de rayonner, prouvant que même en disparaissant sur scène, Molière a su inscrire son nom dans l’éternité du théâtre.
Derrière les mystères et les légendes, il reste un homme dont la passion pour l’art et la critique sociale a transformé le paysage culturel du XVIIe siècle. Un héritage que les générations actuelles et futures continueront à chérir et à explorer.